Avec près de 50 chars et groupes, les Machores ont renoué ce dimanche avec une cavalcade d’envergure. Malgré le froid, les spectateurs ont été nombreux et n’ont pas hésité à venir déguisés. Pour contribuer à un esprit festif dans cette période « morose ».
Des licornes, des princesses et beaucoup de Superman… D’habitude, c’est ainsi qu’on décrit les petits spectateurs, fidèles de la cavalcade du dimanche à Sélestat. Pourtant, ce 26 février, ces tenues étaient sur de grands enfants. Il fallait les chercher un petit peu, mais les adultes qui jouaient le jeu étaient des dizaines rue Poincaré, à regarder passer les chars, et à hocher la tête sur la chanson Freed from desire. A lire aussi
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Un jour pour sortir de l’ordinaire
Pourquoi se déguise-t-on encore à l’âge adulte ? « C’est l’occasion ! On n’a pas souvent le loisir de le faire », avance Caroline. La quarantaine, la Strasbourgeoise arbore une robe rappelant les années folles. À 14 h 32, elle est aux premières loges près du pont de la route de Marckolsheim d’où se lance le cortège. Ses pré-ados, Mattéo et Maëlys, ont choisi d’être un pompier et une écolière japonaise. C’est aussi un moment hors de l’ordinaire à partager avec leurs amis, des quadras venus en corsaires. Le déguisement de Maëlys n’est pas très visible car elle a dû fermer sa veste. Il fait 2 degrés, le vent souffle et la neige tombe. Mais les Sélestadiens, et les autres, sont venus très nombreux.
Être « dans l’ambiance », contre la morosité
Tout au long de la première partie du parcours, du quai de l’Ill au boulevard Joffre en passant par la rue Poincaré, les rangs se garnissent de 3-4 rangées de chaque côté. « Il y a au moins 20 0000 personnes », se félicite Philippe Rauel, en charge des festivités et de la vie associative à la Ville.
Parmi ces milliers de personnes, Adrien et Delphine. Ou plutôt, un pirate et Harley Quinn. « On se déguise pour partager ça avec notre enfant », racontent-ils avant de préciser qu’ils se grimeraient « quoiqu’il arrive ». Le visage tout en couleurs, la maman du petit Lucas est originaire de région parisienne, mais installée à Sélestat depuis 10 ans. « On a fait toutes les éditions », sourit-elle. Habitant à deux pas, ils jouent le jeu « pour être dans l’ambiance ».
« La période est tellement morose que les gens ont besoin de faire la fête », renchérit Kamel, un béret à carreaux sur la tête, une fausse barbe rousse et un kilt sur les hanches. L’ex-sélestadien, féru de costumes, a converti sa compagne, Céline. « Je venais voir la parade mais je ne me déguisais jamais », concède celle qui a amené ses deux enfants, des petits cow-boys, voir la cavalcade.
Sous leurs yeux, des « cousins » de leurs personnages écossais défilent : les Bretons de Bagad Kiz Avel font sonner leurs bombardes (instrument de la famille des hautbois), offrant une pause bienvenue aux carnavaliers, entre deux sonos crachant de la musique allemande. Pour les derniers rangs, il devient difficile de voir les sorcières et autres Waggis, qui se frayent parfois un chemin pour aller embêter une pauvre victime choisie au hasard.
« On se déguise pour bien profiter »
Alors Kevin, venu de la banlieue de Mulhouse, porte son petit Gabin sur les épaules. Le géant d’1,90 m porte un costume de leprechaun, le lutin irlandais. Ce qu’il aime dans le travestissement, c’est que tout le monde est logé à la même enseigne : « On se déguise pour bien profiter, il n’y a plus de classe sociale, plus de différence », affirme-t-il, reprenant à son compte ce qui fonde la tradition du carnaval : le monde à l’envers, les règles mises sens dessus dessous.
À 15 h 15, les trois quarts du cortège ont tourné boulevard du Maréchal-Joffre. Un vieux monsieur, seul, à la longue barbe grise, observe les passants. Il porte un costume de Batman.
Article de Déborah LISS paru dans les DNA le 26 févr. 2023 à 18:45 | mis à jour le 26 févr. 2023 à 18:58 – Temps de lecture : 3 min